Jorge Rodriguez-Gerada est né à Cuba et a grandi aux États-Unis. Il fut, dans les années 90 à New York, un des pionniers du « Culture Jamming » (détournement culturel) qui consistait à dénoncer le mercantilisme commercial en soulignant le contraste entre l'image de marque et les réalités de la société. Pendant ces années, Rodriguez Gerada a modifié d’innombrables panneaux publicitaires (notamment de marques d’alcool et de cigarettes), mais également un grand nombre de plaques de rue et de panneaux de signalisation, leur conférant une signification différente ; toujours dans le but de sensibiliser. La guérilla de Jorge ne manqua pas d’interpeller les médias internationaux qui se firent avec plaisir le relais de son travail, notamment avec le célèbre livre « No Logo » de Naomi Klein.
En 2002, il déménage à Barcelone, où il débute sa série « Identity ». En utilisant les méthodes du marketing actuel, il redonne à l’anonyme la place qui lui revient dans la ville. Des portraits géants hyperréalistes de monsieur et madame Tout-le-monde fleurissent au coin des rues. Aucun produit à vendre ! Ces visages deviennent des icônes sociales et créent une véritable poésie ouvrant au dialogue dans les quartiers. Jorge Rodriguez-Gerrada travaille sur de vieux murs texturés, au fusain « pour sa transparence et son côté éphémère ». Ainsi, les visages déjà marqués par le temps continueront à vieillir. Ils vont se détériorer au fil des ans. Ils vont s’effacer. Jusqu’à disparaître.
Cette fugacité se retrouve également dans les œuvres gigantesques de l’artiste. Des œuvres visibles uniquement du ciel. Sur des surfaces équivalant parfois à un terrain de foot, Jorge et son armée de bénévoles tracent au sol des portraits. Souvent des anonymes mais parfois aussi des célébrités comme en 2008 où 650 tonnes de terre et de sable auront été nécessaires à la réalisation du portrait du Président Obama fraîchement élu.
Le travail de Rodriguez-Gerada en galerie est dans la droite lignée de ce qu’il entreprend dans la rue. Grâce à une technique qui lui est propre, il parvient à décoller sur de vieilles maisons catalanes le revêtement de leurs murs extérieurs. Il les transfère sur des panneaux de bois et, au fusain, y dessine des parties de visages anonymes. Comme il se plait à explorer continuellement de nouveaux matériaux, Jorge a récemment débuté une série de sculptures avec le même sens conceptuel.
La galerie Mathgoth a la chance de débuter une collaboration avec Jorge Rodriguez-Gerada.