12 octobre 2011


ARticle de L'est RÉPUBLICAIN du 12 octobre 2012, à l'occasion de l'exposition "40 ANS DE GRAFFITI"
EXPOSITION - 40 ANS DE GRAFFITIS À LA GALERIE 9.ILS SONT À LA RUE !

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AUJOURD’HUI, IL EST GARAGISTE. Fini le temps où, jeune homme, il maculait les murs de New York d’une signature énigmatique : Taki 183. Juste pour exister. Sans savoir qu’il inaugurait un mouvement au long cours : le graffiti.
40 ans sont passés en effet depuis la reconnaissance de Taki. Le mouvement s’est étoffé, les signatures se sont multipliées et les styles imposés. Banksy a semé ses pochoirs clandestins à Londres, Miss Tic (aujourd’hui une « star » du genre) en a imprégné les murs et trottoirs de Paris dès 1985 et le Grand Palais s’est ouvert au mouvement en 2010.
Parce que, oui, désormais, certains de ces artistes des rues se sont fait accrocher aux cimaises. Remarqués, repérés, exposés, achetés, avec le risque même d’être digérés.
« En fait, contrairement à Taki, certains vivent aujourd’hui de leur art », constate Mathilde Jourdain, galeriste parisienne qui consacre une expo nancéienne à ces 4 décennies colorées à fleur de pavé. « Il faut dire que ce mouvement, d’abord new yorkais, a été partiellement freiné dans les années 80 par une répression policière systématique. Ce qui ne veut pas dire qu’ils tournent le dos à la rue. Bien au contraire. » Et de citer ColorZ, dont le nom s’inscrit toujours sur les palissades parisiennes...
Originaire des Vosges, Mathilde Jourdain a choisi le net pour faire connaître les artistes de la scène montante. Sous le label Mathgoth. Et en matière de graffiti, des noms ne cessent de se dévoiler. La preuve dans la Galerie 9, où une vingtaine de signatures ont trouvé leur place sur des toiles. Depuis les précurseurs (Taki 183, Miss Tic, Cornbread...), jusqu’à aujourd’hui. « À New York notamment, le tag revient en force ! »

CLOWN EXORBITÉ

Le tag et pas seulement. Car les styles sont très variés qui se révèlent ici à visage plus ou moins découverts et tous issus des interventions graphiques de la rue. À la signature haute en couleur d’Indie 184 répond par exemple le personnage clownesque et exorbité de l’Indonésien Koma, ou le petit bonhomme replet, alias Gouzou, que Jace a inventé il y a vingt ans. Et si FenX a vu son style géo-quadrichromique s’enrichir en passant du mur à la toile, d’autres ont mis un point d’honneur à rester fidèles à leurs premières amours.
Mais dans le cadre policé de la galerie, rares sont ceux qui ont perdu leur esprit frappeur. Et ces quatre décennies turbulentes ont laissé des traces « proprement » indélébiles.
Lysiane GANOUSSE
40 ans de graffiti, 9, rue Gustave-Simon jusqu’au 22 octobre (www.mathgoth.com).

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